Le 9 mai dernier, Sylviane Giampino a remis à Laurence Rossignol, Ministre des familles, de l’enfance et des droits des femmes, son rapport intitulé « Développement du jeune enfant, Modes d’accueil, Formation des professionnels» Fruit d’un travail collectif et de concertation auprès de différents acteurs institutionnels, à partir de la lettre de mission de la Ministre, il établit une synthèse partagée de l’état des connaissances actuelles sur le développement du jeune enfant. A partir de ce constat, des enseignements sont tirés et surtout des recommandations formulées dans le domaine du lien avec les familles, et essentiellement en termes d’organisation des modes d’accueil et de la formation des professionnels.
Ce rapport a été directement remis à aux représentants d’ACCENT Petite Enfance, collectif national des acteurs non-lucratifs de la petite enfance, par Madame Isabelle Grimault de la Direction Générale de la Cohésion Sociale qui a elle-même apporté son soutien à la réalisation du document. Les membres du conseil d’administration saluent la qualité du travail engagé ainsi que les perspectives dégagées en termes de politique petite enfance.
ACCENT petite enfance a relevé dans ce rapport plusieurs thématiques, soulevées par les professionnels eux-mêmes et qui font également l’objet d’une réflexion en interne :
- Un manque de reconnaissance des professionnelles relativement à l’importance de leur action auprès des enfants, des parents et de l’utilité sociale de leur fonction. En effet, en l’absence d’une politique nationale globale, le secteur de la petite enfance est aujourd’hui constitué d’un mille-feuille de modes de gestion, parallèlement à un élargissement des formes d’accueil et une disparité des filières professionnelles dont sont issus les accueillants. Cette diversité, si elle démontre une richesse, manque toutefois d’un cadre de valeurs et d’objectifs communs. Également soulevé par ACCENT lors de sa constitution en décembre 2015, le rapport évoque un manque d’identité professionnelle des acteurs qui gagneraient à être encadrés par des valeurs, des principes, une éthique et des conceptions partagées et co-construites.
- L’importance de repréciser que le mode d’accueil de l’enfant n’est pas réductible à un service aux parents : le projet d’accueil doit inclure les conditions par lesquelles l’intérêt de l’enfant ne se trouve pas en opposition avec le projet et les possibilités de ses parents, mettre en place un travail avec les parents, un espace de dialogue, leur donner une place dans les instances… Le rapport relève en effet, des effets paradoxaux de la rationalisation gestionnaires dans les accueils collectifs et rappelle que cette relation « consumériste » des parents semble avoir généré des effets secondaires négatifs. Le rapport préconise de réduire les sources de contradiction entre les régulations administratives et le développement de l’enfant.Ceci met en relief nos interrogations sur la PSU à l’heure à savoir :
- « facturation et le financement à l’heure génèrent des effets secondaires sur le travail d’équipe, la mise en œuvre du projet d’accueil, les relations avec les parents, et peut entraîner dysfonctionnements et démotivations » (synthèse rapport page 11)
- La mission préconise « de sortir du système de financement PSU des EAJE le financement à l’heure, de réduire les pourcentages de surbooking dans les établissements, instaurés par le décret n°2010-613 du 7 juin 2010 dit « Morano », pour réduire la pression des taux d’occupation des services » (rapport page 67)
- La nécessité pour les structures d’accueil de centrer leur organisation, leur travail et la formation autour du développement du jeune enfant, proposer des activités ludiques et culturelles, parler avec l’enfant et l’écouter. Le respect des rythmes (familiarisation, référence, objets personnels…), le besoin de stabilité et de fiabilité est une priorité devant laquelle les logiques administratives devraient s’ajuster.
- L’allégement des normes et les réglementations, tout en portant une attention particulière aux micro-crèches PAJE qui ne sont pas soumises aux contrôles, où la qualité d’accueil ne peut pas être garantie et qui peuvent poser question concernant l’accessibilité et l’équité financière.
- L’importance de développer la formation des responsables d’EAJE à un mode de direction participatif, à l’animation d’équipe, aux partenariats locaux, tout autant qu’à la gestion administrative et financière.
Globalement cette mission vise à “élargir la conception qualitative des modes d’accueil sur les particularités du développement de l’enfant avant 3 ans“, et c’est une initiative que nous ne pouvons que saluer et soutenir.
Au cœur des préoccupations développées dans cette mission, ACCENT petite Enfance entend être partie prenante des orientations gouvernementales qui vont suivre et peut d’ores et déjà proposer des pistes de réponses sur plusieurs thématiques. En effet, les adhérents portent des initiatives en matière d’accompagnement à toutes les parentalités, offrent des solutions adaptées aux réalités familiales d’aujourd’hui et travaillent au sens des valeurs données à leur action auprès des enfants, des familles et des équipes.